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Histoire de bénévole : les voyages rapatriements

Maeva, peux tu te présenter ?

Si on m’avait dit quelques années auparavant que je dirais un jour « je pars plusieurs fois par année en Roumanie pour rapatrier des chiens adoptés », je n’y aurais pas cru. Et pourtant, me voici, 9 rapatriements plus tard et totalement mordue à cette cause qui est celle des chiens errants de Roumanie.


Partir en Roumanie est devenue une donnée presque logique, imparable de mon existence. J’ai appris à aimer ce pays, à aimer ces gens qui dédient leur vie aux âmes en souffrance. Partir en Roumanie, c’est l’accomplissement de plusieurs semaines de travail acharné de la part d’une équipe de bénévoles soudées et solidaires.

Les rapatriements sont l’occasion de voir le fruit de notre travail au quotidien et c’est là que l’on peut trouver la reconnaissance ultime : celle de chiens que la vie n’a pas épargnée mais qui enfin, trouvent le bonheur. Il n’y a mon sens pas meilleure récompense que de voir ces loulous en sécurité et choyés par leur famille.




Un rapatriement, c’est quoi ?

Un rapatriement est le terme utilisé pour définir nos voyages en Roumanie. Nous partons tous les deux mois environ avec un camion entièrement aménagé au transport de chiens. Le but d’un rapatriement est avant tout de ramener les chiens adoptés en France mais également d’apporter des dons matériels sur place et de passer du temps avec les chiens.


Le voyage dure généralement une semaine, du lundi au samedi et nous partons toujours à trois. Le voyage aller est d’environ 2000 kilomètres, nous conduisons en alternance de jour comme de nuit. Nous n’avons pas beaucoup de temps sur place, environ 2 jours et 3 nuits.

Le vendredi matin, c’est l’heure du grand départ ! Les chiens sont chargés dans le camion et nous mettons le cap sur la France.


Le voyage du retour prend plus de temps du fait des nombreux arrêts que nous effectuons pour les chiens. Nettoyage des cages, distribution d’eau fraîche et quelques caresses pour rassurer toutes ces boules de poils. Et enfin, le samedi, c’est le jour de l’arrivée. Un moment intense en émotion, tant pour les chauffeurs qui viennent de parcourir plus de 5000 kilomètres en une semaine que pour les adoptants qui voient pour le première fois leur nouveau compagnon de vie.




Quels sont les points compliqués lors de ces voyages ?

Tout d’abord, je dirais l’incertitude de ce que nous allons croiser sur la route. C’est à dire que lorsqu’on rentre dans ce pays qu’est la Roumanie, nous savons qu’on va forcément voir des chiens errants, forcément voir une misère animale. Nous savons qu’on en laissera derrière nous. Nous savons qu’il y a une forme de prise de recul à prendre vis-à-vis de toute cette souffrance visible. Il faut être préparé mentalement à toutes ces situations mais on ne s’y habitue jamais et surtout chaque voyage est différent et apporte son lot de rencontres surprises.


Puis il y a également la visite que nous effectuons à la fourrière publique de Miroslava. A chaque fois, j’ai en tête la liste des chiens adoptés et voir tous ces loulous qui resteront là deux mois voir bien plus dans leur enclos, ça donne un coup au moral.

Et finalement, le voyage du retour est particulièrement éprouvant. Nous avons déjà dans les pattes plusieurs jours d’aventures intenses et il faut puiser dans ses ressources pour la dernière ligne droite. Nous sommes responsables de beaucoup de chiens et nous veillons sur chacun d’eux comme s’ils étaient nos propres loulous.




Y’a t’il un voyage qui t’a particulièrement marqué ?

Oui, celui de novembre 2018. Je conduisais en direction de l’est de la Roumanie et j’ai aperçu un mouvement dans mon champ de vision au bord de la route. Dans ces moments-là, on ne réfléchit pas, on suit son instinct. Nous avons garé le camion un peu plus loin et avons remonté la route. Il faisait presque noir, difficile pour apercevoir quelque chose.


Au bout de quelques minutes, nous tombons sur 3 gros chiots. Nous étions dans un village, il était de ce fait possible qu’ils appartiennent à quelqu’un. Nous nous sommes renseignés auprès d’une habitante en utilisant une application de traduction (elle ne parlait pas anglais) et elle nous a informé que les 3 chiots avaient été jetés sur un parking une semaine auparavant. La dame les nourrissait mais ces chiots étaient voués à une vie d’errance. Nous avons tenté de les attraper, pour une ça a été facile mais les deux autres ... Un véritable casse-tête. Pendant 1 heure nous avons tout tenté mais rien n’y faisait. Il était impensable pour nous de prendre seulement un chiot et d’en laisser derrière nous.


Et voilà que trois habitants du village viennent nous prêter main forte ! La deuxième a pu être attrapée mais la troisième s’était cachée sous un immense conteneur à seulement quelques centimètres du sol. Un des habitants a rampé dessous et en est ressortie avec la petite. Quel soulagement ! Nous n’aurions jamais pu attraper ces chiots sans leur aide et nous leur en sommes très reconnaissantes.


Une rencontre qui a permis de changer la vie de trois sœurs, aujourd’hui adoptées et choyées dans leur famille.




Y-a t'il un moment particulièrement difficile qui t'a marqué ?

Les moments difficiles sont nombreux. La plupart du temps lorsque nous décidons de nous arrêter pour nourrir des chiens errants, nous savons qu’on ne pourra pas les prendre avec nous. Beaucoup de chiens ont perdu totalement confiance en l’humain. Ils n’osent pas s’approcher de la nourriture tant que nous ne sommes pas reparties. Ça déchire le cœur car on sait que leur vie continuera à être misérable.


Lors d’un voyage, j’ai voulu attraper un chiot qui semblait avoir une patte fracturée mais il était terrorisé et hurlait de peur. Il a réussi à filer dans une bouche d’égout et malgré l’attente pour qu’il en ressorte, la nourriture, il n’a plus osé bouger. Nous avons dû repartir et ce jour là, une partie de moi s’est brisée en mille morceaux.



Et quelles sont tes belles rencontres canines ?

Il y a eu Artus, sauvé lors du rapatriement de septembre 2018. Nous l’avons trouvé dans les montagnes, au milieu de nul part. Un loulou imposant, assez âgé. Il avait connu une famille, il portait la marque d’un collier en chaîne autour de son cou. C’est très courant en Roumanie de voir des chiens abandonnés à un certain âge car ils ne sont plus d’assez bons gardiens.


Une autre rencontre m’a bouleversé, non pas tant par le chien en lui-même mais par le peu de probabilité du sauvetage effectué. J’avais les yeux rivés sur mon téléphone et un court instant j’ai regardé la route puis sur ma droite et j’ai aperçu, bien après le bord de la route une petite chose roulée en boule. Nous avons pu nous arrêter et nous sommes tombées sur Noelia, chiot de quelques mois, blessée, seule au milieu de rien, dans l’attente de je ne sais quoi. Son destin s’est joué à quelques secondes près. Pour moi, ce n’est pas du hasard, il y a des rencontres qui sont écrites.




Un dernier mot pour la fin ?

Comme vous l’aurez compris, les rapatriements font partie intégrante du quotidien de notre association. Nous nous démarquons dans le fait que nous allons chercher nous-mêmes les chiens adoptés et c’est une façon de faire qui nous tient à cœur.


Je ne pourrais jamais assez exprimer à quel point je suis reconnaissante de faire partie de cette cause et de cette équipe.


L’aventure WOF, c’est une grande et belle team qui donne tout pour ce en quoi elle se bat.



Maeva, bénévole depuis septembre 2016

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