top of page

La cohabitation avec les enfants

Dernière mise à jour : 9 déc. 2020


Tout le monde le sait, le chien est le meilleur ami de l’homme. Les films, les livres et les récits d’amitiés formidables entre un chien et un enfant florissent partout. On imagine une complicité émouvante et des jeux à n’en plus finir, des éclats de rire et, le soir, des dodos bien mérités… Pourtant, le chien, quel que soit l’individu, reste et restera toujours un chien. Il a un langage et des réactions propres à son espèce ; et pour que tout se passe au mieux, il est essentiel d’apprendre quelques bases aux enfants amenés à côtoyer un chien, telles que le respect de l’animal et le langage canin.



Le respect de l'animal


Commençons tout d’abord par ce que j’appelle le respect de l’animal. Il s’agit en réalité d’une règle d’or et d’un concept plus que d’un apprentissage : le chien doit être respecté en tant qu’individu à part entière. Cela implique qu’il ait le droit de vouloir quelque chose, mais également celui de ne pas vouloir, et que ce droit sera respecté au sein de la famille. Prenons quelques exemples pour être plus parlant.

- Pour commencer, on respectera le sommeil du chien en tout temps. Aucun enfant (ni aucun adulte d’ailleurs), quel qu’il soit, ne devra être admis aux alentours directs du panier du chien, et surtout pas pour l’embêter. Ce panier est son espace à lui et une zone où il devra être sûr et certain en tout temps qu’il y trouvera la sérénité qu’il recherche. S’il faut vraiment interagir avec lui et qu’on ne peut pas remettre à plus tard, il va falloir l’appeler et l’inciter à sortir du panier, mais jamais aller le chercher : ce coin doit rester son espace de paix à tout prix. Et s’il y reste, c’est sans doute parce qu’il n’a pas envie d’interagir ; insister pourrait le forcer à utiliser un vocabulaire plus parlant, pouvant aller jusqu’à la morsure si nécessaire. Mieux vaut l’inciter à venir avec une friandise plutôt qu’aller le déloger de force !

- Second droit que le chien doit avoir, c’est celui de manger sans être dérangé. Personne ne devrait venir jouer avec sa nourriture ou le caresser pendant qu’il mange. (Et dans le cadre d’exercices, seuls des adultes ou des enfants suffisamment âgés pour être conscients de ce qu’ils font pourront intervenir, jamais les jeunes ou ceux qui tentent quelque chose à peu près comme ils ont entendu dire que tonton René faisait). Le repas est un moment privilégié du chien, et je suis persuadée qu’aucun de vos enfants n’apprécie vraiment que vous lui voliez ses frites, n’est-ce pas ? Pour le chien, c’est pareil, il n’a pas forcément envie qu’on vienne jouer avec sa nourriture, ni qu’on le dérange pendant qu’il mange. Et bon nombre d’accidents, malheureusement, ont lieu autour de la nourriture. Pendant les repas ou lorsque le chien a une friandise ou un os, il vaut mieux séparer distinctement tout le monde et ne pas laisser l’enfant s’approcher ; un geste maladroit est très vite arrivé et le chien pourrait facilement mal interpréter.

- Le chien a également le droit à l’intégrité physique. Le chien est un animal qui utilise sa gueule, et non pas ses mains, et la plupart ont des espaces vitaux très marqués qu’il vaut mieux ne pas enfreindre. Il n’a pas du tout l’habitude d’être pris dans les bras, embrassé, porté, ou de recevoir des bisous. Il faut impérativement apprendre à vos enfants quels gestes ils peuvent ou ne peuvent pas faire avec tel ou tel chien. Certains chiens viendront de bon cœur sur vos genoux, tandis que d’autres vous monteront les dents dès que vous toucherez leur ventre. Et n’oubliez surtout pas que ce qui est accepté par votre chien de votre part peut ne pas l’être de la part de vos enfants (exemple simple, mon chien se laisse gratter le ventre avec grand plaisir, mais uniquement par… deux personnes. Si quelqu’un d’autre s’avise de le gratter ne serait-ce que sur le poitrail, il va s’éloigner directement voire grogner). C’est un aspect bien souvent négligé et, malheureusement, il est souvent source de conflit. Le chien a le droit de vouloir être touché ou non. Nous avions déjà évoqué ce sujet dans une précédente newsletter, mais il serait vraiment intéressant d’apprendre le test de consentement à votre enfant : on propose la caresse au chien, et s’il revient la demander clairement (en se rapprochant, en poussant la main avec le nez ou autre), on peut continuer. Si au contraire il esquive la main, s’éloigne ou fait des signaux d’apaisement au moment où on propose la caresse, mieux vaut arrêter aussitôt l’interaction, car cela ne l’intéresse pas.


On peut évidemment faire de même pour les bisous ou autre, mais personnellement, je trouve que ce genre d’interaction est trop risqué (on expose carrément son visage au chien, et un accident est très vite arrivé, il suffit d’un bruit qui l’effraie au même moment et paf). Je préfère largement apprendre aux enfants que les chiens n’ont pas besoin de bisous pour être heureux, car après tout, dans une relation, on recherche le bonheur des deux.


Je vous laisse ci-joint les trois vidéos sur le test de consentement :



Les signaux d'apaisement


Source : Ledoggycafe.com

Pour continuer dans les apprentissages importants, le langage canin est plus que primordial. L’enfant doit impérativement pouvoir détecter lorsque le chien lui dit stop, au risque, sinon, qu’il ait besoin d’aller jusqu’à mordre pour se faire comprendre. Alors certes, c’est pas une activité très marrante… mais on peut facilement tourner ça sous forme de jeu ! On peut par exemple offrir un bonbon pour chaque bonne réponse où l'enfant devine ce que le chien exprime en voyant l'image ou lorsque nous mimons l'action, ou encore réaliser un petit memory avec les images et trouver ce que le chien veut dire pour gagner le duo de cartes… Soyez créatif ! Je vous laisse avec une petite planche de signaux d’apaisement que je trouve bien illustrée et assez sympathique pour les enfants, à vous de voir ce que vous pouvez inventer comme jeu avec !




La vigilance


Il est également bien de prendre en compte que malgré toute l’éducation que vous pourrez apporter à l’un et à l’autre, un chien reste un chien, et un enfant reste un enfant. Il est donc primordial de rester attentif et vigilant lorsqu’ils sont dans la même pièce. Un enfant est encore jeune, il ne gère pas forcément très bien son corps niet son espace et peut facilement trébucher ou marcher sur la queue du chien sans le faire exprès… sauf que le chien, lui, peut réagir assez violemment sous le coup de la douleur. Ils n’ont donc pas besoin de faire une activité en commun pour qu’un accident arrive ! C’est pourquoi il serait avisé de partir du principe qu’il faudra garder un œil sur eux dès le moment où ils se trouvent dans la même pièce. De plus, un enfant découvre encore son univers et teste les limites (que ce soit les siennes ou celles des autres), il peut donc très bien se lancer dans des expérimentations que le chien peut trouver trop invasives (ne serait-ce que jouer avec ses oreilles). Lorsqu’un jeu ou une activité vous paraît risqué, n’attendez pas pour l’interrompre et proposer autre chose à faire à la place ; ayez confiance en votre instinct. Tous les chiens n’aiment pas être épouillés minutieusement ou qu’on joue avec leurs oreilles, donc restez vigilants aux idées de votre petit humain. Enfin, un enfant n’a pas encore l’expérience et le discernement d’un adulte ; il peut ne pas prendre en compte des signaux d’inconfort du chien qui vous paraîtront pourtant évidents à vous ; dans ces cas-là, mieux vaut rendre l’enfant attentif à ces signaux puis adapter l’activité ou l’interrompre en fonction.


Enfin, s’il faut évidemment rester attentif lorsque votre enfant caresse le chien, j’aimerais également et surtout vous mettre en garde lors d’activité plus dynamiques telles que le jeu. Lors du jeu, l’excitation monte, que ce soit du côté du chien ou de celui de l’enfant. L’un comme l’autre, ils la gèrent d’une plus ou moins bonne manière dépendant de l’individu. Certains, malgré l’excitation, peuvent rester parfaitement conscients de leurs mouvements et éviter d’attraper autre chose que le jouet avec une précision déconcertantes ; d’autres, malheureusement, ne gardent pas cette précision et peuvent choper les doigts ou la main à la place du jouet à cause du trop plein d’émotions (et même s’il ne serre pas la mâchoire, des dents fermées sur un bras avec un chien en plein saut, bah ça fait mal). Certains peuvent également être très stimulés tout en restant parfaitement maîtres de leurs émotions, d’autres vont « partir en vrille » très rapidement : commencer à couiner, à aboyer, à sauter, à pincer… et cela peut se révéler dangereux pour un humain de petite taille (imaginez les 40kg du gros berger allemand qui saute sur votre enfant !).


En somme, faites attention au type de jeu que vous autorisez avec votre chien et vos enfants. Si le lancé de balle est trop excitant et que votre chien ne la rend jamais ou vous saute dessus pour l’obtenir, c’est sûrement pas un jeu adapté pour un petit humain, il va d’abord falloir travailler ça. De la même manière s’il ne sait pas du tout jouer correctement à tirer sans arracher le bras de la personne, mieux vaut travailler ça avec lui avant de laisser l’enfant faire pareil. Les jeux de recherches ou de flair sont quant à eux excellents à tout âge, car ils sont apaisants pour le chien et relativement calmes. Assurez-vous juste de commencer progressivement, d’abord en cachant à vue puis de mieux en mieux, et de pouvoir faire rester le chien ou de le tenir pendant que votre enfant cache un jouet ou des friandises (ou se cache lui-même !). Et enfin, un point important, les jeux d’eau ou autre proie « insaisissable » (destinée à être chassée mais jamais attrapée, comme les fameuses cannes à pêche pour chats ou les lasers) sont extrêmement frustrant et feronta monter l’animal en excitation voire en frustration très très vite ; il attrapera ce qu’il pourra et si ce n’est pas le tuyau d’arrosage, le laser ou la canne à pêche, ça risque fort d’être la main de votre enfant… Ils sont donc à éviter à tout prix car ils n’apportent absolument rien à personne, si ce n’est de la frustration et du manque de contrôle.


Pour résumer, lorsque vous ne pouvez pas assurer à 100% la vigilance lorsque votre chien et votre enfant se trouvent dans la même pièce… Mieux vaut les séparer au lieu de risquer le tout pour le tout. Un accident est très vite arrivé. Mieux vaut séparer votre logement quelques mois, le temps que tout le monde soit bien éduqué et que vous soyez sûr que rien n’arrivera, plutôt que de devoir faire euthanasier votre chien parce que votre enfant n’a pas su comprendre les 150 signaux d’apaisements avant la morsure. Une petite barrière pour enfant ou les portes présentes dans le logement feront très bien l’affaire. Mais gardez toujours en tête que cela reste un chien, et qu’à ce titre, mordre fait partie de son langage. Malheureusement, dans notre société, c’est cruellement puni quelles que soient les raisons de la morsure. Il faut donc à tout prix jouer la sécurité autant que possible, et si vous ne pouvez pas surveiller efficacement les interactions, mieux vaut séparer tout le monde avant que quelque chose n’arrive.



La notion de "chien de la famille" et "autres chiens"


Il est plus que primordial, dirais-je même vital, d’apprendre à votre enfant la distinction entre le chien de la famille et les autres chiens. On n’approche pas un chien inconnu n’importe comment. On ne caresse pas un chien inconnu sans permission. On ne joue pas avec lui sans autorisation. Et on lui fait encore moins des câlins ou des bisous. J’insiste vraiment sur ce point, tous les chiens ne sont pas okais avec les enfants ou même avec les gens en général ! Il en va de la sécurité de votre enfant qu’il sache qu’il ne peut pas approcher n’importe quel chien à son bon vouloir, et il va de votre responsabilité de regarder l’autre chien, le propriétaire, et de demander l’autorisation avant de vous approcher. Si vous voyez que le chien est déjà en train de vous montrer les dents, oubliez l’idée . Et si vous voyez le duo s’éloigner de vous volontairement, ne le suivez pas, c’est sans doute qu’ils ont besoin d’espace. Si vous voyez au contraire que le chien veut bien dire bonjour et semble intéressé, demandez à son propriétaire avant de vous approcher, et pas quand vous êtes déjà sur eux. Si votre chien a le droit au respect, les chiens inconnus l’ont tout autant ; et même plus encore puisque vous ne les connaissez absolument pas. N’allez pas forcer une approche en disant « oui mais je suis gentil moi » ou « oui mais il veut juste dire bonjour » ou n’importe quelle autre excuse. Si un propriétaire refuse que vous vous approchiez de son chien, il y a une raison. N’allez pas prendre le risque de découvrir que cette raison est que le chien va mordre ! Il est vraiment primordial d’apprendre à votre enfant cette démarche : voir un chien, demander l’autorisation, puis seulement s’approcher tout en restant attentif au langage du chien et aux directives du maître. Si le propriétaire vous a dit oui, puis finalement vous dit non alors que vous étiez tout proche… renoncez, c’est sans doute qu’il a décelé que finalement son chien n’était pas si disposé que ça à interagir. Le mieux restant, sans doute, d’apprendre à votre enfant qu’on ne peut pas approcher tous les chiens et que la rue n’est peut-être pas le meilleur endroit pour dire bonjour à des toutous.


Source : Photo A.V

Ainsi, nous avons vu les apprentissages essentiels qu’un enfant amené à côtoyer un chien devrait connaître, tels que le respect du chien (son repos, sa nourriture et son corps), ainsi que le langage canin. Nous avons ensuite évoqué votre responsabilité en tant qu’adulte : surveiller la situation dès lors que votre chien et votre enfant se trouvent dans la même pièce, et si vous ne pouvez pas le faire, les séparer. Et enfin, une distinction plus que cruciale : le chien de la famille ou les chiens inconnus ne s’appréhendent pas du tout de la même manière.


Avoir un chien, c’est chouette, avoir un enfant, c’est génial, mais avoir les deux ensembles, ça demande pas mal d’investissement. Mieux vaut en être conscient et toujours garder en tête qu’aucun des deux ne sera véritablement en sécurité sans votre surveillance. Un accident arrive très vite, et malheureusement, c’est quasiment toujours le chien qui en paie les frais. Lorsque vous adoptez, vous devenez responsable de cet être pour le restant de ses jours, gardez bien cela en tête et restez vigilants ; même le plus gentil des toutous peut ne pas avoir envie d’être caressé ou de se faire marcher sur la queue.

bottom of page