Quand nous accueillons un chien au sein de notre foyer, son arrivée déclenche son lot de questions et de réflexions dans le but d’agir au mieux pour notre nouveau petit protégé. L’une des plus récurrentes concerne l’éducation. “Comment dois-je faire pour l’éduquer ?” ; “Quelle technique dois-je mettre en place pour lui apprendre ceci ou cela ?” ; En effectuant des recherches (sur internet, dans des livres,...) pour obtenir la réponse à ces questions, nous pouvons rapidement tomber sur le terme “d’éducation positive”. Ça a l’air chouette mais en quoi ça consiste réellement ?
Les fondements de l’éducation positive
Tout d’abord on peut trouver d’autres noms pour parler d’elle, par exemple “ éducation bienveillante”, “éducation respectueuse”, ces termes nous permettent rapidement de comprendre qu’elle est basée sur certaines valeurs bien précises mentionnées dans leur titre. Cependant, portons une attention toute particulière sur ce qui se cache réellement derrière ces termes. En effet, l’éducation positive n’est pas un effet de mode, ce n’est pas non plus un concept qui s’adresse uniquement à certains chiens considérés comme “faciles” à éduquer.
L’éducation positive s’est beaucoup démocratisée ces dernières années, fort heureusement grâce à l’évolution des connaissances éthologiques canines qui montre notamment qu’il n’existe pas de hiérarchie inter-espèces et que certaines théories répandues pendant de longues années sont erronées. Chaque comportement effectué par un chien est une réponse à une situation précise qu’il faut pouvoir analyser dans son ensemble. Il est important de ne surtout pas réduire les comportements/les réactions de nos chiens à des idées farfelues telles que “mon chien a cette réaction car il veut me dominer et devenir le chef de meute ”… Laissons derrière nous certaines phrases que nous aurions pu entendre prononcées à l’époque de nos grands-parents et intéressons-nous à la meilleure façon de cohabiter avec nos amis poilus dans le respect des besoins de chacun.
En effet, cette éducation dite positive met à un point d’honneur à la prise en considération des besoins du chien, de son caractère, de ses émotions (notamment l’état émotionnel dans lequel il se trouve à un instant précis quand nous lui demandons quelque chose), de son environnement.
On tient également compte de ses préférences pour travailler avec les bons leviers de motivation, pour cela on cherche la récompense la plus adaptée en fonction de son chien : ça peut être une caresse, un jouet, une friandise. Il ne faut pas hésiter à hiérarchiser les récompenses en fonction des demandes, nul doute qu’une friandise appétante qui est consommée ponctuellement sera plus attirante qu’une croquette dont le goût est déjà bien connu.
Le chien et l’humain sont partenaires et tout l’enjeu de cette éducation c’est de créer, développer et entretenir le lien entre eux.
Les différents types d’éducation et ce qu’ils provoquent
Tout d’abord, gardons bien en tête qu’un chien n’a pas la notion du bien et du mal et qu’il ne fait pas exprès de désobéir pour embêter son humain… Peut-être qu’il n’a tout simplement pas compris la demande soit parce qu’elle n’a pas été formulée assez clairement ou parce qu’elle n’a pas été suffisamment travaillée ou encore car des facteurs externes l’empêchent d’y répondre sereinement. Par exemple : si l’on demande à notre chien de s’asseoir alors que nous sommes au milieu d’une foule de personnes inconnues et qu’il est tendu par cette situation, il y aura de grandes chances qu’il ne réponde pas à la demande tout simplement car la peur prendra le dessus et l’empêchera d’entendre notre demande.
En parlant de peur, faisons un aparté au sujet de l’éducation dite traditionnelle ou coercitive qui s’oppose totalement à la positive et qui préconise d’utiliser des punitions verbales mais aussi physiques, voire même de s’aider de certains outils pour faire obéir le chien à tout prix dans une situation. Par exemple : mon chien tire en laisse dès que je sors de la maison donc je passe au collier étrangleur. Mon chien aboie sur ses congénères quand il est dans mon jardin et qu’il les voit passer devant le portail donc je passe au collier électrique pour qu’il se taise.
Il est clair qu’à cause de la douleur ressentie, le chien ne va certainement plus effectuer ces actions. Cependant n’est-ce pas uniquement une solution “pansement” que de l’obliger à faire taire ces comportements sans en avoir cherché la cause ? Cela pourrait même provoquer d’autres comportements auxquels nous n’étions pas confrontés auparavant car le mal-être du chien aura besoin de s’exprimer d’une autre manière. Et ne comptons pas sur une “obéissance au doigt et à l'œil" dès que nous aurons retiré le moyen de pression, par exemple le collier électrique, car le chien ne se sentant plus contraint et la base du problème étant toujours présente, cette réaction qui nous gênait tant se produira à nouveau.
Pour les situations citées en exemples ci-dessus, un professionnel qui exerce en positif vous posera des questions afin de mieux cibler vos habitudes, le caractère de votre chien, la stimulation et les dépenses (physique et mentale) mises en œuvre, etc. En résumé, il vous aidera à comprendre ce qui provoque ce comportement que vous estimez indésirable. Il vous proposera certainement des techniques liées à l'anticipation, à la capture des bons comportements, à la redirection des comportements qu’on aimerait voir disparaître.
Au lieu d’éduquer par le biais du stress et de la peur, la méthode positive permet d’agir sur la motivation et l’intérêt de réaliser une action. En effet, nos amis canins vont être attirés par ce qui leur apporte une satisfaction, un bien-être (Eh, mais c’est pareil pour nous les humains en fait !) et vont ainsi avoir envie de reproduire un comportement qui leur apporte un bénéfice et au contraire d’arrêter petit à petit ceux qui ne reçoivent aucune réponse de notre part.
Voici un exemple imagé d’une situation de promenade avec un chien. - La réponse de l’humain dans le cadre d’une éducation positive sera : renforcement positif, punition négative -> Je récompense quand mon chien marche près de moi et je le dissuade de tirer en m’arrêtant, nous ne repartons que quand la laisse est détendue. Ceci ne provoque aucune douleur pour le chien. Concernant cet exemple, il faut souligner que le rythme de marche d’un humain n’est pas naturel pour le chien qui avance bien plus rapidement donc adapter sa foulée pour rester au pied de son humain peut-être contraignant pour lui. Au lieu d’une marche au pied on peut parler d’une “marche polie” quand la laisse est détendue et la promenade sereine pour tous les deux.
- La réponse de l’humain dans le cadre d’une éducation traditionnelle sera : punition positive, renforcement négatif -> Je tire d’un coup sec sur la laisse si mon chien va trop vite et j’arrête de tirer si la laisse est détendue. En plus d’être une solution basée sur un rapport de force, l’animal pourrait associer la douleur brusquement ressentie à tout autre chose, par exemple un copain chien qui s’avançait vers lui ou bien un vélo qui passait juste à côté, voici comment une réactivité peut être engendrée par un manque de compréhension.
Pourquoi mettre en pratique une éducation positive ?
Il n’est pas rare de lire dans la présentation d’un éducateur ou d’un comportementaliste qui exerce depuis quelques années qu’il a commencé en pratiquant une éducation traditionnelle (peut-être à cause de certaines formations diplômantes qui ne sont malheureusement pas encore bien à jour) avant de prendre connaissance d’une éducation plus respectueuse du chien, par des recherches personnelles ou par le biais d’autres types de formations ou coaching, avec des connaissances bien plus actualisées. Les témoignages de ces professionnels qui décident, en connaissance de cause, de s’orienter vers l’éducation positive ne sont-ils pas la preuve que celle-ci fonctionne tout aussi bien sans avoir besoin de recourir à la force ?
Rien de mieux que d’être dans la bienveillance pour tisser une relation de confiance, non ? ;)
L’évolution de la société et des mentalités nous amènent aujourd’hui à accueillir un chien au sein de notre foyer pour qu’il en soit un membre à part entière, un compagnon de vie avec qui nous souhaitons nouer une relation. Pour cela, le respect des besoins et des caractéristiques de celui à qui nous ouvrons notre porte semble tout à fait logique.
Afin de résumer tout ceci, voici quelques idées clés qui sont intimement liées à une éducation bienveillante :
- Le chien est un être vivant doté de sensibilité, il ressent des émotions que nous devons considérer.
- Le chien a le droit de dire non, il n’est pas obligé d’aimer tout le monde et d’être à l’aise en toute circonstance.
- Le chien communique avec nous à travers tous ses signaux d’apaisement, à nous d’apprendre à les décrypter.
- Le chien effectuera avec plaisir quelque chose s’il y trouve un intérêt et une motivation, pas besoin de le contraindre.
- Le chien mérite d’être considéré à sa juste valeur, tout simplement :)
Sources :
- Site internet « Hund » : https://hund.fr/
- Site internet « Chien vie et santé » : https://www.chienvieetsante.com/
- Livre « Le chien, cet animal qui nous échappe » de Audrey Ventura
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