L’apprentissage de la propreté est l’un des fondamentaux quand on accueille un nouveau chien. À ce titre, énormément de gens savent comment faire et nous assaillent volontiers de conseils, de leurs expériences personnelles et de ce qu’ils croient être juste.
« Ah mais si ! ça a marché pour Médor, alors ça marchera forcément pour votre nouveau compagnon ! » ou alors, « j’ai toujours fait comme ça, ça a toujours fonctionné » !
Vous voilà donc avec une tonne de conseils plus étranges les uns que les autres, qui parfois s’excluent réciproquement, distribués par absolument tout votre entourage qui a, de près ou de loin, eu contact avec les chiens… et, pouf, vous êtes perdus ! Pas toujours facile, de s’y retrouver, hein ?
Le comportement naturel du chien
Partons déjà du comportement naturel d’un chien livré à lui-même, qui n’a jamais reçu d’apprentissage de la part d’un humain. Dans ces conditions, la seule préoccupation du chien est d’épargner l’endroit où il dort, et l’endroit où il mange/boit. Il n’a pas vraiment de « distance type » à laquelle il va faire ses besoins, il va simplement s’éloigner desdits lieux. Il fait également ses besoins à des horaires très variés, sans tenir compte de l’heure ; il n’a pas la notion de « se retenir ». Ainsi, mis dans une maison du jour au lendemain, toujours sans aucun apprentissage, il est normal pour lui de simplement s’éloigner de son dodo et de ses gamelles pour faire, sans forcément sortir de la maison, et sans chercher à se retenir. Ainsi, notre vision de la propreté n’est absolument pas la même que la leur. Et c’est précisément pour cela que cela doit passer par un apprentissage.
Espérer que le chien apprenne tout seul à faire ses besoins uniquement à l’extérieur de la maison, c’est comme espérer une promotion en se tournant les pouces au travail… C’est peu probable que ça arrive. Commençons donc par le commencement : nos chiens n’ont pas l’habitude de chercher à se retenir. En général, ils s’éloignent aussitôt et font leurs besoins sans délai. Il est donc de notre devoir de leur offrir, les premiers temps, un maximum de sorties pour qu’ils puissent faire sans salir votre beau parquet ! Privilégiez surtout de les sortir après les repas, les moments d’activités (jeu), et après les siestes ; car c’est là que le système digestif « s’accélère » !
Ensuite, faire ses besoins hors de la maison doit être bénéfique pour le chien. Et pour ce faire, rien de mieux que de bonnes vieilles félicitations, des démonstrations de joie, une petite partie de jeu ou une friandise ! Notez bien, cependant, que chaque chien est différent : ce qui est une récompense aux yeux de l’un, n’en est pas forcément une aux yeux de l’autre : par exemple, un chien qui n’aime pas du tout être touché ne verra pas la caresse comme une récompense. À vous d’investiguer et de découvrir ce qui réjouit votre chien ! (La nourriture est souvent une valeur plutôt sûre !) Bien sûr, récompenser une seule fois ne suffira probablement pas ; l’apprentissage se fait avec les répétitions ; soyez donc patient les premiers jours, et sortez votre chien le plus souvent possible pour lui donner l’occasion de faire dehors ! Et à force de faire dehors et de recevoir une récompense, le chien comprendra qu’il a tout intérêt à faire à l’extérieur. N’oublions pas que nos chiens sont de véritables opportunistes ; s’ils peuvent faire d’une pierre deux coups, ils vont le faire !
En cas d'accident
Et maintenant… que faire en cas d’accident ? Les avis sont nombreux et divergent fortement. Certains expliquent verbalement au chien que ce n’est pas bien, d’autres haussent le ton pour le lui faire comprendre, d’autres encore lui montrent son erreur en lui mettant le nez dedans, ou tout autre variante… Le problème avec tout ça, c’est que le chien n’y comprend rien. Ou plutôt, si, il comprend que vous êtes énervé, mais il ne comprend absolument pas ce qui vous énerve, ou ce qu’il peut faire pour vous apaiser. Vous aurez beau lui montrer l’objet du délit, il ne comprendra pas en quoi c’est mal : faire ses besoins est un besoin naturel pour lui, il ne peut pas s’en passer.
Le problème, si vous réagissez négativement lorsqu’il fait ou à la vue de ses méfaits, c’est qu’il peut alors faire de mauvaises associations. Par exemple, le chien constamment dérangé ou disputé lorsqu’il fait ses besoins peut devenir stressé ou angoissé à la simple idée de devoir faire. Ce même chien aura quand même besoin, mais ça continuera à le stresser à plus ou moins long terme… pas sûre que ce soit très agréable. Si vous deviez passer devant un énorme ours enragé à chaque fois que vous allez aux toilettes, iriez-vous toujours autant ? Toujours aussi facilement ? Sans aucune appréhension ? Eth bien, c’est la même chose. Mieux vaut sans doute trouver une alternative moins envahissante, non ? Certains chiens angoissés vont même jusqu’à ne plus oser faire leurs besoins en présence de l’humain et chercheront constamment à se cacher. Je vous promets que vous n’avez pas envie de sentir l’odeur et de devoir retourner tout votre logement à la recherche du méfait, trois fois par jours. D’autres encore, comprenants que la vue des selles vous dérange, chercheront à les cacher ; et pour cela, ils peuvent aller jusqu’à les manger. Sans parler, purement et simplement, qu’être sur le dos de votre chien pour le punir, le reprendre ou juste le déranger peut fortement abîmer votre relation ; d’autant plus que suite au rapatriement, tout est à construire ! Privilégiez de bonnes bases saines !
Alors, que faire lorsque votre chien fait sous vos yeux ou a fait ? Tout simplement ignorer. Ne réagissez pas, ne montrez ni mécontentement, ni rien du tout. Attendez quelques secondes après que le chien ait fait avant de vous lever pour nettoyer ; ne vous précipitez pas ! Un chien qui s’ennuyait auparavant, qui fait ses besoins, et vers lequel vous courrez (même pour nettoyer !) pourrait se dire « oh chouette, quand je fais mes besoins j’ai de l’attention, mon humain court vers moi ! » et recommencera alors avec joie. Cela fonctionne également avec la parole, le regard ou tout autre élément pouvant avoir de la valeur aux yeux de votre chien, évidemment. C’est également pour cette raison qu’il vaut mieux nettoyer hors de la vue du chien ; pour éviter de lui donner de l’attention et de le convaincre que c’était une bonne idée. Mettez-le dans une autre pièce par exemple, ou demandez à un membre de la famille de l’occuper le temps de nettoyer !
Pour faciliter le nettoyage, certains disposent d’alèses ou de papier journal ; veillez cependant à ne pas commettre d’erreur dans leur utilisation. Il serait sans doute contre-productif de récompenser le chien lorsqu’il fait sur les alèses car vous lui apprendriez que faire à l’intérieur, c’est ok, mais seulement sur certaines surfaces (et le jour où il confond avec votre magnifique tapis persan, bon courage !) ; par contre, vous pouvez les mettre aux endroits où vous savez qu’il a l’habitude de faire ! Mais cela doit rester un pur outil visant à vous aider à nettoyer, et ne mérite pas de récompense ou d’attention particulière ; si ce n’est de nettoyer sans que le chien ne vous voie.
Ainsi, vous rendez intéressant le fait de faire ses besoins dehors, sans risquer d’autoriser de faire à l’intérieur sous certaines conditions, ni de rendre stressant le fait de faire ses besoins. Chaque chien apprenant différemment et chaque situation étant unique, il est évident que toutes ces problématiques n’apparaîtront pas systématiquement avec tous les chiens (et c’est ce pourquoi certains chiens sont quand même très propres avec d’autres méthodes), mais mieux vaut apprendre correctement quelque chose que tenter ensuite de récupérer les dégâts ! Une fois que quelque chose est appris, il est difficile et souvent très long d’aller à son encontre ! Récompenser à l’extérieur et ignorer à l’intérieur, ce sont les bases d’un apprentissage de la propreté sans contrainte et avec le moins de risques possibles.
Le changement d'environnement un facteur perturbant
Avec le changement d’environnement suite à l’adoption de votre protégé, il se peut qu’il soit extrêmement stressé et angoissé ; en réaction à cela, certains chiens n’osent plus sortir de la maison ou n’osent pas faire leurs besoins à l’extérieur du domicile. En effet, l’extérieur est souvent fortement anxiogène les premiers temps, ils ne connaissent rien et ne le voient que très ponctuellement. Pour les rassurer, il est avisé de faire toujours la même balade les premiers temps, et de sortir dans un endroit le plus calme possible (n’hésitez pas à prendre la voiture les premiers jours). Même dans le cas d’un chien serein, l’accumulation de nouvelles choses à découvrir et à explorer peut lui faire oublier de faire ses besoins ; il ne fera qu’une fois de retour au calme… à la maison. Là aussi, faire la même balade le plus régulièrement possible permettra de lui montrer qu’il peut se calmer et faire. Dans le cas de jeunes chiens ou de chiens âgés, il est insensé de faire des balades trop longues dans l’espoir qu’ils finissent par faire ; leur physique ne leur permet pas de tenir sur de grandes distances. Mieux vaut multiplier de petites sorties et prendre son mal en patience quelques temps, plutôt que bousiller les dernières années de votre chien à cause d’arthrose ou autres problèmes physiologiques rendus prématurés par une activité trop importante de façon inopportune. Sortir avec un autre chien qui est à l’aise dans son environnement peut également beaucoup aider le nouvel arrivé ; il verra que l’autre chien ne fait pas attention à certains détails et se détendra plus facilement. Attention cependant à ce que cela ne l’encourage pas davantage à jouer plutôt qu’à se balader ; un peu de distance entre eux pourrait aider à poser les plus excités tout en gardant l’avantage d’avoir un autre chien pour modèle.
L'apprentissage de la propreté, un acte long à faire
Enfin, gardez bien en tête que l’apprentissage peut être long à faire. Certains chiens apprendront très très vite, d’autres auront plus de peine ; on ne peut pas prévoir ! Dans le cas d’un chiot, dépendant de son âge, les muscles ne sont pas tout à fait aptes à lui permettre de se retenir, par exemple ; ou avec l’âge, certains chiens deviennent un peu plus incontinents. Il y a beaucoup de facteurs qui pourraient faciliter ou au contraire rendre plus difficile cet apprentissage. Chaque chien est unique. Certains apprendront en une semaine, d’autres auront besoin de deux mois, à vous de vous adapter ! En cas de malpropreté persistante (et ce malgré votre bonne volonté et un apprentissage adapté), il peut être avisé de chercher d’autres causes : vétérinaire, anxiété, stress… Certains chiens sont très propres mais sous le coup des émotions, feront leurs besoins là où ils se trouvent sans signe annonciateur (pipi d’émotions par exemple) ; d’autres paniquent en cas d’absence de leur propriétaire et feront leurs besoins de la même manière. Certains chiens ont des soucis de santé qui leur font faire leurs besoins très régulièrement ou les rendent incontinents (cystite par exemple). Bref, en cas de doute, si l’apprentissage n’en est pas une cause, mieux vaut en parler et consulter un professionnel !
Et comme toujours les « pour mon chien ça a marché », c’est bien, mais remettre les conséquences possibles de nos méthodes en question, c’est mieux ! Apprenons à leur apprendre les choses consciemment et de façon respectueuse !
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